Isil au bureau des inscriptions

Les premiers rayons de dame lune scintillent à peine dans la nuit noire quand une très vieille femme à l’allure fatiguée entre dans la ville fortifiée de Camdibor.

Encapuchonnée dans une grande cape de velours noire, elle marche d’un pas lent, aidée par un vieux bout bois qui semble avoir le même âge qu’elle.

Une pluie fine rend les pavés des ruelles tellement brillants que l’on peut y deviner, l’ombre de la centenaire, glisser de coin en coin pour s’arrêter soudainement devant l’énorme porche en pierre de taille du si lugubre Palais de Shadir.

Après avoir monté les quelques dizaines de marches au centre de la cour déserte du Palais, la petite grand-mère de à peine un mètre cinquante, pousse avec une force qu’on ne lui aurait jamais supposé, l’énorme porte en bois ferré de la salle des pas perdus du terrible Château.

Plissant ses yeux blancs comme neige, elle aperçoit un petit bureau poussiéreux dans le recoin gauche de l’impressionnant double escalier intérieur et décide de s’y diriger.

Arrivée enfin à destination, la femme en noir se plante devant un petit bonhomme grisonnant et dont la moustache frétille de la lecture dans laquelle il est plongé, pour lui lancer sans préambules :

-« C’est ici pour les inscriptions dans les rangs de Camdibor ? »

Refroidit par le ton glacial de son interlocuteur, mais néanmoins d’une éducation irréprochable, grand-ma quitta la capuche de sa cape pour répondre aux questions.

~ Mon Dieu protégez moi ~ pensa t’elle en regardant la bête.

Presque aveugle depuis l’assaut de son monastère, elle venait de découvrir avec effarement celui qu’elle avait pris pour un gentil petit vieux.

-« Sachez pour votre gouverne ô noble secrétaire, que Je réponds au saint nom d’Isil de l’Ombre. »

Se redressant de quelques centimètres pour paraitre moins chétive elle rajouta :

-« Notez également que je descends d’une longue lignée d’humain courageux. »

Puis pour conclure et avec une voix qu’elle espérait convaincante, elle articula distinctement :

-« Et enfin … Je veux … par ma foi intense et inébranlable, de Grande Prêtresse de la Lune, veiller sur le Grand Shadir et tous ceux qui le servent. »

La mère supérieur du Couvent Saint-Bernard fixa longuement le regard bestial du secrétaire avec ses petits yeux transparents en analysant ce qu’elle venait d’entendre.

~ Si ce cornu me propose tellement gentiment de choisir, je crois qu’il faut que je me méfie. ~ pensa t’elle en silence.

Isil avait une mauvaise vue mais une très bonne oreille, elle avait noté un accent beaucoup plus prononcé du monstre sur le mot ‘’récolte’’, depuis longtemps elle avait appris à écouter les signes du destin et pensa immédiatement qu’elle devait suivre celui-ci.

Camdibor était pour le présent vidée de presque tous ses habitants et Isil espérait au fond d’elle, qu’avec un peu de chance, elle pourrait s’infiltrer dans le camp adverse pour savoir à qui elle avait à faire. Personne ne se méfierait d’une petite vieille à moitié aveugle.

Mais pour le moment il s’agissait de paraîtres aussi innocente qu’une enfant pour décrocher la mission la plus simple du listing de Monsieur dents pointues.

En prenant sa voix la plus fragile et la plus douce, Isil donna sa réponse :

-« Durant ma jeunesse, j’ai récolté fruits, légumes et graines à la ferme de mes parents, je suis donc la mieux placée pour cueillir, ramasser, écoper ou moissonner tout ce que vous voulez. J’accepte donc d’accéder à votre quête de récolte Monsieur le secrétaire.»

La nonagénaire fut transpercée d’effroi par la première réplique du secrétaire.

Une goutte de sueur lui coula lentement le long de sa si vieille et tordue colonne vertébrale.

Elle avait compris à qui elle avait à faire et devait contrôler ses pensées pour se préserver ; les mages qui pouvaient lire dans l’esprit étaient les plus dangereux et elle ne voulait pas être vulnérable.

Elle se mit à penser très fort à la nuit en visualisant les moindres détails de la noirceur du ciel à l’éclat sans nom de la multitude d’étoiles scintillantes.

Elle connaissait chacune d’entre elle comme ses propres enfants et se mit à réciter leurs noms doucement comme une litanie automatique et monotone.

Isil devait quand même répondre et tenta un timide :
- « J’accepte la mission. »

Cependant la vieille femme était envahie de doutes, en venant au Palais elle avait bien scruté les environs mais n’avait repéré qu’un château, une taverne, un marché, une boutique, un tailleur, un forgeron et un bijoutier… ou allait-elle bien pouvoir trouver cette fameuse forêt…
« … hummm ! »

Malgré ces craintes, Isil salua le secrétaire d’un signe de de la tête, rabattit son capuchon sur sa chevelure de neige et commença tout doucement à marcher vers la porte de sortie en espérant néanmoins au fond d’elle un petit indice de ce dernier.

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Tout en continuant de marcher a pas de fourmis vers la porte Isil décida de répondre par pensée au secrétaire, elle n’appréciait pas vraiment que ce dernier se permette le viol de son esprit sans même qu’elle ne fut une ennemie.


*Je remplirais ma mission et je reviendrais avec les 4 pierres ou jamais … et si un jour je ne peux plus me battre … alors je postulerais au poste d’aide bibliothécaire … mais pour le moment la guerre n’attend pas … mes hommages Ô grand Psionique.*

Puis elle commença a entonné a doucement une Lituanie aux étoiles, sa voix était cristalline comme celle d’une vierge et presque inaudible comme le chant des esprits des arbres au crépuscule.

-Etoiles mes sœurs me revoiciiiiiiiiii
-Eclairez moi, soyez mes yeueueueux
-Nous sommes ensemble dans cette nuiiiiiit
-Notre mère Lune nous rend heureueueueux…. Hum…huuuuuum


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