Sur la route de Camdibor

Edward et Démacia chevauchaient maintenant depuis plus de deux heures. L'Assassin était restée silencieuse durant une majeure partie du trajet mais Ed' en savait désormais un peu plus sur elle. Elle était plus jeune qu'il l'avait pensé de prime abord, elle affirmait avoir un peu plus de vingt mais elle était probablement plus jeune que cela, probablement dix-huit ou dix-neuf ans. Son père, Rumphard, était né à Boultarmoll et était l'ami d'enfance d'un Technomancien du coin. Edward savait ce que cela signifiait mais Démacia semblait aussi ignorante que son frère sur ce qui était arrivé à la ville et à son protecteur.
Rumphard s'était marié et avait eu trois enfants, Démacia avait ainsi un grand et un petit frère. Depuis leur naissance, les trois enfants n'avaient jamais cessé d'aller de ville en ville, ils avaient donc dû apprendre à se défendre, ce qui expliquait le fait qu'ils soient aussi doués malgré leur jeune âge.

Deux heures après leur départ donc, les deux elfes noirs avaient parcouru un bon bout de chemin, perchés sur leurs chevaux. Les hautes instances de Walentir leur avait confié ces bêtes pour partir à la recherche du général. Il faut dire Camdibor est plutôt loin de Walentir, mais ils ne leur faudrait pas plus se deux jours à cheval.

Rencontre : 6 (niark niark !)

Brusquement, alors que la matinée avançait tranquillement, Démacia arrêta l'avancée des deux chevaux. Ed' ne mit pas longtemps à comprendre ce qui l'avait arrêté : une poussière noire se soulevait à l'horizon et trois petits points avançaient à toute vitesse vers eux. Des cavaliers, de toute évidence.

-Ils seront bientôt sur nous, annonça l'Assassin. Je dirais moins de dix minutes. Qu'est-ce qu'on fait ?

Tournant la tête pour observer les alentours, Ed' s'aperçut qu'il n'y avait pas beaucoup de solutions. Soit ils fonçaient droit vers les cavaliers, mais rien n'annonçait leur appartenance à quelque groupe que ce soit. Soit ils les attendaient. Un grand bosquet se tenait à leur droite, assez grand pour les y cacher mais pas très discret. Si ils les attendaient à l'intérieur, impossible de savoir si les cavaliers les repèreraient.

-Ils seront bientôt sur nous, annonça l'Assassin. Je dirais moins de dix minutes. Qu'est-ce qu'on fait ?

L'idée de céder à la peure et de faire demi-tour était tentante, mais innéficace.
On ne pouvait savoir qui était ses cavaliers, alors foncer tête baissé pouvait rimer à une mort idiote. Aussi, mieux valait se cacher.

Le bosquet semblait être leur seule cachette possible, mais les chevaux n'y seraient sans doute pas discret. De plus, Edward n'était lui même pas très doué pour la discrétion, ce serait dangereux pour lui et Démacia.

Le Plan germa dans l'esprit d'Edward.

"Voilà ce qu'on va faire : Je vais descendre de cheval, et laisser le mien ici, en disposant grossièrement mes affaires. Nous allons toi, moi et ton cheval nous cacher dans le bosquet d'arbres. Ainsi, ils ne verront qu'un cheval, et ne pourront pas soupçonner la présence de deux combattants. De plus, s'ils me voient, ils ne croiront pas à un danger potentiel.....Je ne suis pas un combattant efficace, seul. Tu pourras alors les surprendre. "


Puis il réfléchit.

" En voyant le cheval, ils devineront tout de suite qu'il y auras un ennemi. Alors, si tu pouvait essayer d'user de l'arc pour que le combat soit à nombre égal...on ne peut pas tirer tout les deux, sinon le plan tomberait à l'eau. Ne tire que si tu es sur de tuer. "

Ils fit ce qu'il avait dit et se terras dans le buisson.

" AU fait, si tu vois un mage de terre ou de feu...essaye de le viser en priorité, nous sommes dans un bosquet d'arbres, son pouvoir pourrait être ravageur... "


Edward savait que ce plan n'était pas parfait, mais il était pressé, et n'avait jamais eu l'âme d'un commandant...

Le duo s'accroupit, attendant que les assaillants arrivent. Le cheval se mit à brouter tranquillement, sans savoir ce qui se passait (c'est pas très malin, un cheval). Les minutes s'écoulèrent et le nuage de poussière s'approchait de plus en plus.

Tout à coup, le cheval leva la tête et se mit à renifler. Il se mit à hennir et sans attendre, galopa dans la direction opposée au nuage. L'autre bête, celle qui était cachée dans le bois avec Edward et Démacia, se mit elle aussi à hennir avec force. Démacia tenta tant bien que mal de le retenir mais la peur décuplant ses forces, le canasson brisa sa bride et se mit à courir lui aussi. C'est alors que les cavaliers furent en vue. Et aussitôt, les deux aventuriers comprirent la raison de la fuite de leurs chevaux.

Ils étaient trois. Trois cavaliers montant trois chevaux. Trois cavaliers morts montant trois chevaux morts. Les squelettes se tenaient fermement à leurs montures dont il ne restait sur les os que quelques lambeaux de chair et de peau. L'odeur de ce charnier ambulant était si forte qu'Edward sentit une bile acre lui monter à la gorge. Les trois morts-vivants s'arrêtèrent devant les affaires que le Prêtre avait disposées et celui-ci en profita pour observer le groupe. Ils portaient tous une armure de cuir bouillie, légère et flexible, et un casque surmonté de deux cornes courtes, avec une petite plaque de métal pour protéger le milieu du crâne.
Les squelettes observèrent l'équipement et leurs mâchoires squelettiques se mirent à claquer. Était-ce de cette façon qu'ils communiquaient ?

L'Elfe Noir sentit tout à coup quelque chose s'enfoncer dans ses côtes : Démacia le tapotait du coude :

-On est mal, ce sont des squelettes, des flèches ne leur feront pas grand chose. Il faudrait une arme lourde ou de la magie pour les détruire. Je peux toujours essayer de leur détruire leurs crânes avec mes petites faux, mais ça va être difficile.

Elle se mit tout à coup à sourire :

-Mais on a de la chance, ce sont des créatures maléfiques, donc elles craignent les sortilèges sacrés. Et vous êtes un Prêtre, non ?

Elle fit glisser sa main le long de son corps, empoigna ses dagues et les tira lentement de leur fourreau. Elle regarda ensuite Edward avec un sourire :

-J'attends vos ordres, commandant.

* ne pas paniquer, ne pas paniquer... *

Puisque son plan était tombé à l'eau...ils allaient devoir combattre.
Que faire ? Il ne pouvait pas les attaqués avec son arme...
Alors, il fallait utiliser la magie, comme Démacia l'avait dit.

Bon....un sort sacré. De soin donc....Mercucrocroum était donc le plus indiqué.


" Alors, je vais essayer de lancer le sort mercurocroum, qui soigne les humains, mais pas les morts vivants....si j'en ai un, il me faudra un peu de temps pour lancer le deuxième....essaye de faire une diversion.... et si tu peux t'en farcir un..."

Démacia cligna des yeux, sans trop comprendre :

-Un sort de soin ? C'est vous qui voyez... Je pensais plutôt à la Punition Divine, mais bon.

Démacia s'empara de ses dagues et se faufila hors des fourrés. Les trois squelettes se tournèrent aussitôt vers elle, se trouvant pour le coup de profil par rapport à Ed'.

-Eh, les affreux ! Ça vous tente une p'tite danse ?!


Rapidité :
Edward : 13
Démacia : 18
Squelette A : 8
Squelette B : 7
Squelette C : 9


Pris au dépourvu, les trois non-morts restèrent un instant sans réagir. L'Assassin en profita pour passer à l'attaque.

Force/Précision - Parade/Contre-attaque :
Démacia : 14 / 12
Squelette A : 13 / 2

L'adversaire de la jeune fille leva son cimeterre à temps pour détourner légèrement le coup. Au lieu de s'enfoncer entre ses côtes, la lame se logea dans l'épaule de la créature, fracturant l'os. Le squelette recula de quelques pas, sifflant face à cette Elfe qui osait s'en prendre à lui.

Ed', de son côté, profita de la diversion pour lancer son sort. Bien caché dans le bosquet, il ne risquait pas de se faire repérer et pourrait agir facilement.

Réussite/Précision/Puissance du sort : 2 / 9 / 2 (ouïlle ><)

Le bâton du Prêtre se mit à briller mais aucune magie n'en sortit. Tout à coup, la lumière implosa, rejetant le Prêtre en arrière [-7 PVs].
Alertés par le bruit, les trois tas d'os se tournèrent vers leur nouvel adversaire. Leurs mâchoires se mirent à claquer et d'entre eux se tournèrent vers lui, tandis que le troisième, décidé à se venger du coup reçu, resta concentré sur Démacia.

Force/Précision - Esquive/Contre-attaque :
Squelette B : 8 / 19
Squelette C : 8 / 18
Edward : 6 / 17

Les cimeterres volèrent droit vers la tête d'Edward. Celui-ci rejeta tant bien que mal son corps vers l'arrière mais les coups l'atteignirent tout deux au front, ouvrant une belle balafre [-30 PVs]. Le sang se mit à couler devant les yeux de l'aventurier, ce qui ne l'empêcha pas de saisir son arc et de viser.

Puissance/Précision - Esquive :
Edward : 10 / 9
Squelette B : 19
Squelette C : 3

Edward tira deux flèches. Mais le sang sur ses yeux l'empêchait de viser. Le premier squelette esquiva sans problème l'attaque et le second se la prit dans le pied, ce qui ne sembla pas le déranger outre mesure.


Force/Précision - Esquive/Contre-attaque :
Squelette A : 12 / 19
Démacia : 1 / 12

Edward vit à peine ce qu'il se passait du côté de son associée. La lame du squelette avait volée et un flot de sang jaillit de la gorge de la jeune fille qui s'effondra à terre, agitée de soubresauts. Elle était encore vivante, bien que très mal en point. Elle tenta d'ouvrir la bouche, de prononcer quelques mots mais c'est du sang qui en sortit, s'ajoutant à ce qu'elle avait perdu.

Démacia n'en avait plus pour très longtemps, Ed' devait agir immédiatement s'il voulait la sauver. Mais la soigner, cela signifiait baisser sa garde, et les squelettes en profiteraient certainement pour se jeter sur lui.

[ bordel, de dés ]

Bon, quitte à mourir, il fallait sauver Démacia....

[en faids j'aipas le temps de RP... ]

[Suite à la demande d'Edward, son personnage va mourir ici même. Il continue néanmoins sa route avec nous sous le compte de Zophrène Edwardsky.]



Edward allait mourir. Il le sentait et pourtant, il ne s'en souciait plus. Son corps brûlait d'une flamme qui l'animait comme si plus rien d'autre ne comptait à ses yeux que de sauver la jeune Assassine. Ses pupille se dilatèrent, son souffle ralentit au point de devenir imperceptible par l'oreille humaine et son aura s'effaça comme s'il n'existait plus. Puis soudainement, il bondit vers les trois squelettes.
Le Prêtre exécuta un saut périlleux avant parfait, son arc brandit, une flèche déjà encochée. Il relâcha le projectile avec toute la force qu'il possédait. La pointe de métal s'enfonça profondément dans le crâne de la première créature qui émit un crissement avant de s'effriter et de retomber en poussière. Les deux autres morts-vivants se regardèrent, hésitant sur la conduite à suivre. Edward en profita et s'élança sur Démacia dès qu'il atterrit. A peine fut-il sur elle qu'il tendit son bâton et murmura :

-Guérison.

Le corps de la jeune fille fut nimbé d'un halo de lumière. La plaie sur sa gorge se referma doucement et elle fut bientôt en état de respirer. Elle n'était pas tirée d'affaire pour autant et Edward devait la mettre en lieu sûr.
Mais alors qu'il pensait ça, une douleur glacée le saisit au ventre. Sans même regarder, il comprit qu'un des cimeterres l'avait transpercé au niveau du nombril et que la lame lui ressortait du ventre. Une nouvelle vague de douleur l'informa que la lame était retirée. Le Prêtre esquissa un sourire. Il n'avait plus assez de mana pour se soigner et se défendre à la fois. C'était donc comme cela que ça finissait.

-Attends quelques secondes, je reviens.

Le Prêtre se releva et se tourna vers les deux non-morts qui l'observaient, surpris de le voir se relever. Du sang s'écoula des lèvres d'Edward et lui coula sur le menton alors qu'il serrait les dents pour rester debout. Il leva son bâton et poussa sur son pied pour se propulser vers le squelette le plus proche. L’extrémité du sceptre entra en contact avec le tas d'os et l'Elfe Noir murmura :

-Punition Divine

La lumière dégagée consuma lentement le squelette qui se dissolu dans l'air. Le dernier tenta de frapper Edward par derrière mais le Prêtre avait prévu le coup. Il empoigna son bâton plus fort que jamais et para le coup. Le métal crissa lorsqu'il entra en contact avec le bois. Il y e un temps de flottement pendant que les yeux croisèrent les orbites vides. Puis, dans un mouvement des épaules, Edward repoussa le squelette et écrasa son poing contre le crâne vide. Celui-ci se décrocha et rebondit sur l'herbe humide de sang un peu plus loin. Le reste du corps resta là, sans bouger. Edward pensa un instant que c'était terminé quand les os de la créature se remirent en marche et que le glaive lui transperça la poitrine, juste au milieu. Le Prêtre cracha une gerbe de sang alors que la douleur irradia dans son corps. Il sombra alors dans le néant.



Une petite flamme brillait dans le vide des ténèbres. Edward ressentit une douce chaleur irradier son corps - non, directement son âme.

-... Mafrost ?

La flamme trembla comme si le Mage lui répondait. L'Elfe Noir resta un instant à contempler cette douce lumière flotter devant lui. Et il sentit les larmes couler sur ses joues.

-Pardon Mafrost... J'ai pas pu... j'ai pas pu les protéger... C'est le rôle du Prêtre... de soigner ses amis... Mais là... je les laisse... tous seuls...

L'image d'un Nain à la crête orangée et à la mine bourrue lui passa devant les yeux.

-Dremed...

Celle d'un autre Elfe Noir à la chevelure d'argent et au visage sombre mais aussi avenant envers ses amis.

-L'Ombre...

La silhouette vacillante d'un jeune garçon aux cheveux de la couleur de l'or et au sourire ineffaçable;

-Elcaro...

Les images se rejoignirent, se mêlant à celle de Mafrost. La compagnie de l'Ordre. Le dernier foyer d'Edward.

-Je suis désolé...

-Pas encore, Edward.

La voix douce s'infiltra dans l'âme d'Edward. Est-ce qu'il rêvait ? On aurait dit celle de...

-T'as pas encore finie, p'tit Elfe !

Cet accent bourru...

-Il te reste encore une chose à faire, non ?

Cette voix douce comme un murmure...

-Ouais, alors va pas te rater, sinon on t'en voudra !

Ce ton de gamin innocent...

-Vas-y Edward !



Edward ouvrit les yeux. Sa main se déplaça toute seule vers le glaive, comme si elle était guidée par quatre autres mains. Il poussa sur la lame pour la retirer de son corps tandis que le squelette tremblait pour la maintenir à l'intérieur. D'un coup sec, il arracha l'acier et propulsa tout ce qui lui restait de magie vers le tas d'os en face de lui. Un colonne de lumière aussi haute qu'une montagne s'éleva et éclaira les environs pendant quelques secondes avant de lentement s'évanouir.
Edward chercha un court instant à reprendre son souffle avant de laisser tomber. C'était déjà un miracle qu'il tenait sur ses jambes sans trop vaciller, mieux valait ne pas trop en demander. Il s'approcha lentement de la jeune fille au sol et s'accroupit à côté d'elle. Il tendit la main sur son corps et concentra ce qui lui restait de mana pour l'envoyer à Walentir. Après un court moment, elle disparu.
Edward esquissa un sourire avant de s'effondrer par terre, dos au sol. Ses yeux croisèrent la lumière du soleil et il plissa doucement les yeux. Était-ce cela qu'avait ressenti Mafrost avant de mourir ? Une douce chaleur, la sensation d'avoir accompli quelque chose de grand ?
L'Elfe sentit qu'il laissait des êtres chers derrière lui.
Dremed... Il allait partir avant lui qui avait toujours souhaité mourir noblement. Mais au final, c'était Edward qui aurait la mort la plus classe possible.
L'Ombre... Il ne pourrai jamais savoir ce qu'il avait vraiment dans le cœur. Il aurait aimé soulager ses souffrances, comme un véritable ami.
Elcaro... Cet imbécile finirait niais toute sa vie maintenant qu'il ne serait plus là. Et en plus, il était dans un autre monde, impossible de lui laisser un dernier message.
Mais malgré tout, Edward ne regrettait rien. Il avait fait ce qu'il fallait, les autres devraient se débrouiller sans lui. Il sentit sa conscience s'endormir un peu, les ténèbres revinrent; Mais elles étaient plus douces, plus chaudes... plus accueillante.

-C'est bon, tu peux venir te reposer, maintenant.

Edward esquissa un dernier sourire.
Quand il était petit, on avait dit à Edward que si il se réveillait après un beau rêve, il pouvait toujours fermer les yeux pour le continuer.
Edward pensait que ce serait pas si mal si il pouvait continuer un peu ce beau rêve.
Alors il ferma les yeux.





Une ombre se détache du sous-bois. La silhouette, enveloppée d'une robe sombre, se penche au-dessus du corps de l'Elfe Noir. Il souriait dans la mort. Quel imbécile. La silhouette sourit aussi. Et après un clignement d'yeux, il n'y eut plus personne sur la plaine.