L'artefact Elfique - Quête d'Asarith

Asarith prit un instant de silence pour réfléchir. Voilà qui était inquiétant. Il n’y connaissait pas grand-chose en nécromancie, mais avait entendu dire que bien souvent, le nécromancien faisait tomber ses serviteurs morts-vivants. C’était une option à creuser, même s’il ne savait pas vraiment si la légende était vraie. Cependant, il ne pouvait pas laisser autre chose de côté : Levalia semblait sûre que le nécromancien était dans les environs. Et si Asarith pouvait voir ses serviteurs squelettes, il ne le voyait pas lui, ce qui ne lui plaisait vraiment pas.
En outre, le groupe aurait pu approcher les squelettes et engager le combat, mais cela ne ferait que prévenir le nécromancien de leur approche. De même si les squelettes les repéraient. A cette pensée, Asarith derrière un bâtiment, où les squelettes ne pourraient pas le voir, et fit signe aux elfes de le rejoindre.
Tandis qu’il chargeait son arbalète, il leur expliqua son opinion.
« Si les squelettes sont arrêtées, alors le nécromancien doit être sur cette plateforme. Nous ne pouvons pas l’approcher en groupe sans que les squelettes ne nous repèrent. Bien entendu j’ignore si ces morts-vivants ont la vue ou non, mais je préfère éviter de laisser le hasard décider de notre combat. Enfin bref. Pour en revenir aux squelettes, je préfèrerais ne pas avoir à les affronter. Je ne doute pas de notre capacité à les vaincre, mais comme vous l’avez souligné, Levalia, nous ne savons rien de ce nécromancien. Si nous engageons le combat, il nous repérera. Et s’il nous repère, alors nous perdrons tout avantage lié à la surprise. Et dans un combat face à quelqu’un capable d’invoquer des serviteurs en boucle, je préfère avoir l’initiative, pour essayer d’anéantir le chef du groupe en premier.
Voilà donc ce que je vais faire : partir en éclaireur, tout simplement. Seul, et étant elfe noir qui plus est, j’ai beaucoup moins de chances de me faire remarquer qu’avec le groupe, car je suis navré de vous l’annoncer, mais vous faites du bruit quand vous vous déplacez. Plus de bruit qu’un elfe noir en tout cas. Je vais tâcher de repérer ce nécromancien, et à ce moment-là… J’aviserais. Si je me sens capable de livrer combat, c’est-à-dire de l’abattre d’un trait dans le dos, à la mode elfe noir après tout, alors je verrais ce que je peux faire. Si je ne peux rien faire, alors j’essaye de tracer un itinéraire qui nous évite d’avoir à passer par ces affreux squelettes. Et si vraiment, vraiment il n’y a pas d’autres solutions que de les affronter, eh bien… Ce sera tant pis.
Et au fait, si vous m’entendez appeler à l’aide… Venez vite. S’il vous plait. »
A peine Asarith avait-il fini de parler qu’il prit congé des elfes, et commença à se diriger à pas de loups vers l’esplanade, cherchant du regard un moyen d’entrer sans se faire remarquer par les squelettes.

Asarith n’aimait pas être repéré aussi facilement, surtout quand il était persuadé de n’avoir fait aucun bruit. « Putain de sorcellerie, songea-t-il intérieurement. » Il se maudit autant lui-même qu’il maudit la jeune fille. Après tout, il aurait dû prévoir qu’elle avait des défenses magiques prêtes. C’était même une chance qu’elle n’ait pas placé un piège magique aux effets bien plus dévastateurs. Toujours était-il qu’il fallait lui répondre à présent.
Asarith songea rapidement à ses options. Attaquer ou parler. Face à la magicienne, une seule lui sembla viable.
« Je suis Asarith, répondit-il en toute franchise. »
La suite relèverait du mensonge. Certes il n’avait pas caché son nom, mais il préférait cacher l’existence, ou à tout le moins la nature de ses compagnons. Tenter de se faire passer pour un elfe noir, voilà ce qu’il lui fallait désormais faire.
« Je constate que moi et les miens ne sommes pas les seuls à nous intéresser à cette dague, prétendit-il. »
Ce n’était qu’un semi-mensonge. Somme toute il était vrai que lui et les siens s’intéressaient à cette dague. L’idée était simplement de faire en sorte que la jeune fille pense que par les siens, il parlait des elfes noirs, et non pas du trio qui attendait un peu plus bas. De sorte que si elle avait placé un sort pour détecter ses mensonges, il était protégé.

Asarith ne savait pas vraiment quoi faire. D'un côté, l'enfant avait des pouvoirs impressionnants, puisqu'elle avait bien invoqué ces squelettes, mais de l'autre, elle ne semblait pas avoir la maturité pour s'en servir. A moins que...
"Espèce d'idiot... songea-t-il intérieurement."
Ce n'était qu'une hypothèse, mais Asarith se demandait de plus en plus s'il n'y avait pas une autre personne dans l'ombre... Mais il se rappela bien vite: une seule personne était entrée dans la grotte. A moins que quelqu'un ne soit invisible, cette jeune fille était seule. Tachant de ne pas montrer son instant d'angoisse, il chercha une réponse appropriée. Après quelques instants de réflexion, il opta pour une conduite raisonnable, tout en restant méfiant, cette affaire puait le piège à plein nez.
"J'aimerais vraiment pouvoir te la laisser, expliqua-t-il, mais malheureusement, j'en ai vraiment besoin moi aussi. Si tu me disais ce que tu comptes en faire, peut-être que je pourrais savoir lequel d'entre nous en a le plus besoin, non ?"

Improvisation allait être le maitre mot. Mais aussi essayer de paraitre amicale. La jeune fille avait surtout l'air de prendre les mots de sa mère à la lettre, mais pas n'était pas spécialement agressive. Asarith ignorait pourquoi, il appréciait la petite, et n'avait pas spécialement envie de l'affronter. S'il pouvait éviter cela, ce serait tant mieux. Après tout, obéir aveuglément aux ordres, il l'avait fait lui aussi pendant un temps, avant de changer
"A vrai dire, je suis un peu mon propre chemin, dit-il finalement. C'est vrai, je ne suis pas de Camdibor. Mais dire que je suis un walentirien... Ce serait un mensonge. Avec ma peau noire, si je me promène directement vers la grand place de Walentir, j'ai toutes les chances du monde de me faire agresser. Je suis un elfe qui se contente de prendre un travail quand il lui est proposé, pour gagner de quoi vivre, rien de plus. Et aujourd'hui, pour vivre, j'ai besoin de ramener cette dague à mes employeurs. Je suis certain que ta mère en aurait également grandement besoin, mais je suis sur que nous pouvons trouver un arrangement, pas vrai ?"

"Dommage, dit Asarith."
Il releva son arbalète, toujours chargée. Si l'enfant touchait cette dague, il tirerait. Et en outre, il avait un avantage qu'elle ignorait... Devait-il faire appel au trio maintenant ou plus tard, il se le demandait. Puis il choisit.
"SI VOUS VOULEZ VENIR, C'EST MAINTENANT ! hurla-t-il à l'attention des elfes sylvains, espérant qu'ils l'entendraient."
Puis il reporta son attention sur la nécromancienne.

Etrange jeune fille, vraiment. Asarith ne savait que faire. Se pouvait-il qu’il y ait une deuxième personne ? Pourtant ils n’étaient que trois à avoir débarqué dans la grotte, et celle-ci était la dernière, il était bien placé pour le savoir. A moins que la personne ne soit invisible. Mais dans ce cas pourquoi n’aurait-elle pas attaqué plus tôt ? Ca n’avait aucun sens. Et il ne pouvait pas se battre contre un adversaire invisible. Deux options restaient : la fuite ou essayer d’affronter la gamine. Il chassa rapidement la première. Le temps qu’il parvienne à s’échapper, elle l’aurait probablement frappé et abattu avant qu’il n’ait eu le temps de fuir. Il n’avait plus qu’une seule réelle issue, et ça ne lui plaisait pas.
La combattre, mais en se méfiant d’un éventuel deuxième adversaire qu’il ne pouvait voir. Dire qu’il n’aimait pas cette idée est exact, mais c’est aussi un euphémisme puissant. Il détestait cette idée. Non pas que la tuer ne lui pose le moindre problème, mais qu’un éventuel nouveau protagoniste puisse être ici, voilà qui lui faisait pour ainsi dire… peur. Il n’aimait pas cette sensation. Recharger son arbalète était une illusion, il le savait. Il saisit un poignard accroché à sa ceinture. Pas vraiment la meilleure arme du monde, mais au moins apte à la défendre s’il n’avait plus son arme de prédilection.
Il dégaina, puis passa à l’attaque.

Asarith n'aimait pas les combats contre des nécromanciens. Ils passaient leur temps à relever les morts qui tombaient, et à moins de terminer très vite le combat, celui-ci tournait rapidement à la guerre d'usure. Il rassembla aussi ses connaissances sur les mages. Celle-ci était certes habile, mais pour lancer ses sorts, elle devait se concentrer sur autre chose que d'éviter ses attaques. Et inversement. Du moins c'était la théorie, et cela ne prenait pas en compte ce potentiel deuxième adversaire. Mais il ne pouvait rien faire d'autre que d'opter pour l'attaque à outrance. Peut-être la déconcentrerait-il assez pour qu'elle ne puisse plus utiliser sa magie. Il fonça sur elle. L'idée n'était pas tant de la toucher que de la déborder d'attaques rapides venant de tous les côtés possibles.