L'artefact Elfique - Quête d'Asarith

Leviala poussa un profond soupir :

-Comme je le disais, nous avions l'effet de surprise quand nous sommes entrés. Mais à partir du moment où nous sommes sortis de l'eau pour affronter les deux gardes, les bateaux de Camdibor ont dû braquer leurs canons sur nous.

"Les bateaux de Camdibor" ? Cela venait de revenir à Asarith : Leviala et les autres ignoraient encore que ces bateaux n'appartenaient pas à la ville de Shadir.

-Et pour ce qui est de la marée... Je crois que cela sera impossible. Regardez.

Leviala tendit le doigt vers la mer. Quand ils étaient entrés dans la grotte, l'eau étaient retranchée une dizaine de mètre derrière l'entrée. maintenant, elle en léchait déjà le bord.

-Nous sommes entrés à marée basse, vous vous souvenez ? Il nous a fallu plus d'une heure pour atteindre le sanctuaire, prendre la dague et revenir. Ce qui veut dire que la marée a commencé de monter. Dans une heure, l'eau atteindra à peu près notre taille. Dans deux heures, elle aura envahie ce conduit. Dans quatre heures, à peu de choses près, elle sera à son point le plus haut et la grotte entière sera inondée. Elle restera à ce point durant deux heures avant de descendre à nouveau. Quatre heure de descente, deux heures de stagnations, puis quatre heures de montée, deux heures de stagnations, etc...

-Ça veut dire qu'on a une heure avant d'être trempés et deux avant de devoir faire mumuse avec les poissons. Fantastique ! lança Vita avec sarcasme.

La Prêtresse fixa l'Elfe Noir droit dans les yeux :

-Si vous n'avez pas de meilleure idée, alors il faudra suivre votre plan : foncer et espérer que nous passions.

Désolé du retard :/ (examens blancs obligent)

"Je sais que c'est suicidaire et que ça ne vous plait pas, répondit Asarith. Mais si vous voyez une autre solution, dites-le moi, parce qu'à moins que cette grotte n'ait une sortie dans le plafond..."
Il se frappa la tête contre le mur devant sa propre stupidité. Une sortie... Bien sur !
"Vous pensez que le deuxième passage mène à une issue ? demanda-t-il, en désignant la patte d'oie derrière eux."

[Y'a pas de soucis, moi aussi je suis en retard en plus, désolé !]

Il fallut quelques secondes aux Elfes pour comprendre de quoi parlait leur compagnon. Mais une fois la solution exposée, Leviala hocha la tête :

-De toute façon on n'a pas trop le choix. On doit essayer.

Les deux autres hochèrent la tête et le groupe se précipita vers l'embranchement. Une fois devant, La jeune Prêtresse déglutit et murmura :

-Si on s'est trompés, on finira tous noyés...

Mais le bruit de l'eau qui commençait à monter derrière eux la poussé à emprunter le passage.
Au fur et à mesure de leur progression, la lumière devenait de plus en plus forte, au point qu'Asarith et ses compagnons durent progresser en fermant les yeux, plus aveugles que dans le couloir sombre. L'Elfe Noir ne voyait plus rien. S'il ouvrait les yeux, tout était blanc autour de lui. Tout n'était que lumière. Le bruit de pas de ses compagnons lui martelait les oreilles et la folie commençait à le gagner. Et puis tout à coup...

Tout s'arrêta.

Un silence total remplaça les bruits incessants qu'entendait Asarith. L'Archer ouvrit les yeux avec précaution. La lumière était de nouveau supportable. Tout était blanc, mais plus aussi éblouissant. Il n'y avait plus rien autour de lui. Plus de murs, plus de plafond... et plus de compagnons. Tout était absolument blanc. Etait-il mort ?
Tout à coup, il entendit un petit rire. Devant lui, alors qu'il n'y avait rien quelques secondes auparavant, se tenait une jeune fille. Elle semblait avoir le même âge que Fate, mais ses longs cheveux et ses yeux étaient d'un gris clair semblable à de la cendre et sa peau était aussi pâle que de la neige. Elle souriait à l'Elfe Noir. Et c'est d'une voix claire qu'elle s'adressa à lui :

-Tu es finalement venu, Asarith. Je suis contente de te rencontrer enfin.

Cette fille venait de l'appeler par son nom ? Comment pouvait-elle le connaître ? Qui était-elle ? Pourquoi les autres n'étaient-ils pas là ? Et pourquoi la plupart des PNJ d'Elcaro sont-ils des jeunes filles de moins de 12 ans ?

-Tu dois te poser beaucoup de questions. Mais ne t'inquiètes pas, elle trouveront toutes leurs réponses en temps voulu. Mais en attendant, c'est moi qui ai une question à te poser. J'aimerais que tu y réponde, si tu le veux bien.

Elle fixa Asarith droit dans les yeux avant de reprendre :

-Asarith, ma question est simple : aimes-tu ce monde ? Si je te demande de le protéger, le feras-tu ?

Asarith était franchement mal à l'aise. Certes, la jeune fille venait de lui dire qu'il trouverait toutes les réponses à ses questions, mais là quand même, il n'avait pas vraiment envie d'attendre. Cet endroit, l'éblouissante lumière, la disparition de ses compagnons... Tout le mettait mal à l'aise, et il n'aimait pas être dans cet état. En outre, il était difficile de mettre un elfe noir, même plus ou moins repenti, mal à l'aise. Et quand on y arrivait, il n'y avait qu'une seule façon de le faire : il devait se sentir en danger de mort. C'était un peu ça le sentiment qui prenait Asarith.
Et maintenant, cette enfant lui demandait s'il aimait ce monde et s'il souhaitait le protéger. Il eut envie de lui sauter au cou, mais il avait déjà vu une enfant presque capable de le mettre à mort aujourd'hui, méfiance donc. D'autant plus que si celle-ci avait créé toute cette ... cette pièce, alors elle devait également s'y connaitre en matière de magie. Aussi résista-t-il à la tentation, et se contenta de répondre à sa question, avec une réponse à laquelle la jeune fille ne s'attendait certainement pas.
"D'accord pour répondre à tes questions, répondit-il, mais à une seule condition. Pour chaque réponse que je te donne, j'en veux une pour mes questions."
Sinon, il avait peur de justement ne jamais y trouver de réponse... Et ainsi, selon les réponses de la jeune fille, il pourrait se faire une idée plus précise de ce que lui arrivait.

La fillette esquissa un nouveau sourire, pas du tout étonnée (en tout cas, en apparence). Elle pencha la tête sur le côté avant de répondre :

-C'est d'accord. Mais tu as du courage, tu sais ? Peu de personnes ont l'audace de négocier avec moi. Il faut dire aussi que peu de personnes discutent avec moi... même si récemment, ce nombre a augmenté. Enfin bref, je mettrai tout de même quelques restrictions : je ne te dévoilerai pas entièrement qui je suis si tu me le demandes. Disons que c'est quelque chose que le commun des mortels ne doit pas savoir. Saches aussi que je ne te veux aucun mal et que tu peux me faire confiance. Autre chose, je ne te dévoilerai pas le futur de façon trop précise. De toute façon, je n'ai un aperçu que des nombreux futurs possibles, et plus on est précis là-dessus, plus il y a de futurs différents.

Elle ferma les yeux un instant avant de regarder de nouveau l'Elfe Noir :

-Alors, faisons ainsi : tu réponds à ma question et je répondrai à la tienne. Je reprend donc : serais-tu prêt à tout pour protéger ce monde, même à mettre ta vie en péril ?

"J'accepte les règles du jeu, puisqu'il doit en être ainsi, répondit Asarith."
Ce n'était pas un mensonge. Après tout il ne pouvait plus faire grand chose au point où il en était. Il était cependant bien frustrant de ne pas pouvoir lui poser la questions qu'elle avait interdite, même si jamais il ne lui serait venu à l'esprit de lui demander de lui dévoiler son avenir. Il n'aimait pas l'idée de connaitre son avenir. Qu'est-ce que cela aurait amené de bon ? Elle aurait pu lui mentir, et il aurait perdu son temps, ou elle aurait pu lui dire la vérité, et il aurait plus agi comme elle le disait parce qu'elle l'avait dit ainsi que parce qu'il souhaitait agir selon une certaine façon.
"D'accord, je vais répondre à ta question. Mais d'abord, voici la mienne, finit-il par dire. Qu'est-ce que je fais ici ?"
Une question simple. Il n'espérait pas une réponse qui le renseignerait trop en la posant, mais il espérait au moins éliminer la plupart des hypothèses qui se bousculaient dans son esprit. Ainsi, il pourrait ensuite réduire de plus en plus le champ des possibilités afin de soutirer à la jeune fille de plus amples informations que ce qu'elle aurait souhaité lui dire.
"Quant à la réponse à ta question..."
Il réfléchit un instant, puis finit par trouver sa réponse.
"Tu sais, je ne pense pas qu'un monde puisse disparaitre. Que toutes nos races meurent, nos civilisations s'effondrent, et tout ne soit plus que ruines... Il ressurgira certainement une nouvelle race qui en tirera profit. Le monde vit, il est. Parles-tu de celui que nous connaissons aujourd'hui ou de celui dans lequel nous vivons ? Le premier, s'il doit mourir, ce sera du fait d'hommes et de femmes violents, et je mourrais sans doute dans le processus, alors... Je ne m'en apercevrais même pas. Quant au deuxième... Si le monde lui-même doit disparaitre, je ne peux rien y faire. Cela répond à ta question ?"

La jeune fille hocha la tête et dit :

-Tu penses donc être un observateur passif, quelqu'un incapable d'intervenir dans l'évolution du monde. J'ignore si tu te satisfait de cela ou si tu es juste quelqu'un de pessimiste... ou de réaliste, cela dépend du point de vue.

Elle prit un court moment pour triturer une de ses mèches de cheveux avant de reprendre :

-Quant à ta question... "Qu'est-ce que tu fais là", hein ? Eh bien pour commencer... Ce "là", comme tu le désignes, n'existe pas vraiment. Tout ceci est... un plan de réalité parallèle au tien où seul ton esprit peut accéder. Considère cela comme une sorte de rêve lucide. J'ai crée cette dimension pour pouvoir converser avec toi, voila tout. Lorsque tout sera terminé, tu réintègreras son corps et tu te retrouveras... eh bien, là où te conduisaient tes pas. Et peu importe que tu passes une minute ou un siècle ici, lorsque tu te réveilleras, il passera le même temps dans les deux cas. Si tu dois te réveiller dans cinq minutes, tu te réveilleras dans cinq minutes, même si tu restes ici pendant un millier d'année.
Quant à ce que tu y fais... Eh bien, pour l'instant, tu réponds à mes questions et je réponds aux tiennes. Disons simplement que je cherche des... catalyseurs. Vois-tu, le futur n'est pas fixe, il y en a une infinité possible. Certains événements font prendre à ces futurs des chemins radicalement différents. Et ces événements sont tous l’œuvre d'une ou plusieurs personnes, les catalyseurs. Et dans certains futurs que j'ai aperçu, tu as eu ton rôle à jouer.

Elle prit de nouveau quelques secondes de pause avant de sourire :

-Enfin, je pense avoir répondu à ta question. J'en ai une autre pour toi : tu as fait la rencontre de Fate. Cette fille pourrait être un catalyseur, elle aussi, mais il faudrait que quelqu'un la guide. Tu la rencontreras dans le futur, c'est certain. Si tu en as la possibilité, accepteras-tu de l'aider à trouver sa voie ?

"La dernière fois que je l'ai vue, répondit Asarith, je venais de la combattre et de la blesser de façon non négligeable. Et elle venait d'essayer de me tuer. Le tout parce qu'elle est manipulée par sa mère. Donc pour l'aider à trouver sa voie, je devrais tuer sa mère. Mais le problème, c'est que je ne peux pas tuer sa mère. N'essaye pas de me convaincre du contraire, nous savons tous les deux qu'à moins de me trouver sur un toit, arbalète en main, au bon endroit au bon moment, je ne peux pas l'affronter. C'est aussi simple que ça. Je n'ai qu'une vie et j'y tiens, et je n'aime pas l'idée de m'attaquer à un adversaire beaucoup trop fort pour moi. Cela répond-il à ta question ?"
Puis, sans attendre de réponse, Asarith ajouta:
"Par ailleurs, s'il est vrai que tu peux trouver des catalyseurs et autres soutiens pour eux comme ça, alors tu sais qu'il y en a des plus aptes que moi à faire cette mission. Des crétins épris de justice et à moitié suicidaires, il doit y en avoir des dizaines, et des plus doués que moi au combat."

La fillette fit la moue comme n'importe quelle petite fille de son âge le ferait. Elle regardait Asarith avec une lueur de pitié dans les yeux :

-Tu as décidément une piètre opinion de toi-même... dit-elle. Mais au moins, cela te permet de ne pas prendre la grosse tête. C'est une des raisons pour lesquelles tu es un de ceux que j'ai choisi. Les "crétins épris de justice et à moitié suicidaires", comme tu les appelles, ne survivent pas assez longtemps par nature pour pouvoir avoir une influence sur le monde... Du moins, pour la plupart.

Elle poussa un petit soupir avant de continuer :

-Mais effectivement, comme tu l'as sûrement deviné, tu n'es pas le seul que j'ai contacté. J'essaie d'assurer le futur des catalyseurs que je peux repérer, d'une façon ou d'une autre. L'ennui, c'est que votre passé à tous est différent et que je dois m'adapter en conséquence. Prenons un exemple : je te parle à toi de Fate parce-que tu l'as rencontré, pourrais-je le demander à un autre catalyseur de s'en occuper s'il ne la connaissait pas ? De même, imaginons que je te demande de suivre le chemin de... de Shadir, par exemple. Cela serait-il une bonne idée ?

Elle laissa un moment pour l'Archer de méditer là-dessus. Tout à coup, l'air ambiant commença à onduler et des fissures apparurent sur le blanc impeccable de l'endroit. La jeune fille regarda les craquelures et dit :

-Il ne me reste plus beaucoup de temps. Je pense que je t'ai un peu mieux cerné. je crois que tu seras quelqu'un de très intéressant à observer dans le futur. Si tu as une dernière question, je t'enjoint à la poser vite, ou nous risquons de finir dans les limbes quand cet endroit se brisera.

"A mon avis, répondit l'elfe, tu pourrais parfaitement lui demander de s'occuper d'elle. Quelqu'un capable de s'estimer digne de la tâche que tu connais ne doit pas se laisser bloquer par des obstacles aussi infimes que la non-connaissance de sa cible. Je prends un exemple opposé. Un assassin. On ne le paye que très rarement pour des cibles dont il connait le visage. C'est du pareil au même ici.
Et quant à une dernière question... Tu me l'as interdite, mais toute règle existe pour être transgressée. Qui es-tu ?"

La jeune fille éclata de rire à la question d'Asarith et dit dans un sourire :

-Décidément, tu es quelqu'un de très intéressant. Je suppose que je peux bien te donner quelques indications, après tout.

Ses pieds décollèrent tout à coup du sol et elle flotta devant Asarith. Ses yeux se mirent à briller lorsqu'elle dit :

-Tu l'auras compris, je ne suis pas humaine. Je ne suis pas non plus une Elfe, ni une Lycanne, ni une Démone et encore moins une Orque. Je suis au-delà des créatures vivantes. Je suis même au-delà des Anges. Je ne suis pas une Déesse, mais ce serait assez proche de la vérité.

Elle esquissa un nouveau sourire avant de dire :

-C'est tout ce que je peux te dire pour le moment. Si tu souhaites en savoir plus, il faudra chercher des informations par toi-même.

Elle approcha ses lèvres de l'oreille pointue de l'Elfe Noir et murmura :

-Certaines personnes qui me connaissent m'appellent "Vi".

C'est le moment que choisit le sol pour se dérober sous les pieds d'Asarith. Dans un grand craquement, il se sentit tomber vers le néant. La lumière afflua de nouveau, blanche et puissante. Puis ce fut le trou noir.

Une senteur d'herbe humide chatouilla les narines d'Asarith. Quelques gouttes d'eau fraîche coulèrent sur sa peau et le bruit distant des vagues fit légèrement vibrer ses oreilles. Dans sa bouche, il pouvait sentir un peu de terre. L'Elfe se releva et ouvrit précautionneusement les yeux. il les referma aussitôt. La lumière était encore vive. Il les ouvrit de nouveau, avec plus de prudence cette fois.
L'Archer se trouvait dans ce qui semblait être un bois. Ou plus précisément, dans une clairière. Encore plus précisément, il se trouvait à côté d'un grand rocher dressé au milieu de la clairière. Au pied dudit rocher, une fine ouverture noire laissait penser que le passage vers la grotte devait se trouver là. Il fallait ôter de la mousse, de l'herbe et de la boue pour pouvoir y accéder. Ce qui expliquait que l'Elfe Noir se retrouvait tâché de terre humide.

Quelque chose remua devant lui. En y regardant de plus près, il se rendit compte qu'il s'agissait de Vita qui reprenait elle aussi conscience en grommelant. D'ailleurs, il pouvait apercevoir au pied du rocher Leviala et Athil qui se réveillaient eux aussi.

-Owh... Ce mal de tête... Qu'est-ce qui s'est passé ? marmonna la petite Elfe.

La Prêtresse regarda autour d'elle et répondit :

-Je n'en sais rien... Je me souviens d'avoir couru, d'une gigantesque lumière blanche et... et puis plus rien. Je viens de reprendre conscience. Tu te souviens de quelque chose, Athil ?

L'Elfe hocha la tête, négatif, et elle se tourna donc vers l'Archer :

-Et vous, sir Asarith, est-ce que vous savez comment nous avons atterri du couloir à cet endroit ?

Asarith songea rapidement qu'il valait mieux ne rien dire. Pour ne pas passer pour un fou d'une part, et pour ne pas se faire harceler de questions d'autre part, ce qui serait pire encore.
"Je n'en sais pas plus que vous, répondit-il tout simplement."

[Oui c'est court, je sais...]

Leviala hocha la tête et se contenta de sourire :

-Eh bien je suppose qu'il faut simplement se réjouir d'être vivants. Et d'être dehors.

Vita sourit et lança, espiègle :

-Les Camdiboriens vont nous attendre longtemps, dehors. Je donnerais tout pour voir leur tête quand ils se rendront compte qu'on a disparu.

La Prêtresse pouffa de rire et dit :

-Eh bien, je propose que nous retournions à Walentir. Cette mission est un succès !

[Suite et fin de ta quête ici : http://jeuderole-fantasy.fantastique.tv/t334-un-client-entra#7682 ]

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